Walhalla a écrit :
Tes styles littéraires ont l'air très écclectiques, y'a t-il tout de même un genre qui te plait plus à écrire ?
Qu'est ce qui te plait le plus dans la conception d'un roman ?
Je n'ai pas de genre favori, peut-être cela viendra-t-il plus tard, quand j'aurai touché à plus de genres différents (pour choisir, il faut essayer et comparer). Pour moi, ce qui compte c'est l'histoire et les thèmes qu'elle me permet d'aborder.
Le plus intéressant, c'est lorsque je parviens (ou que j'ai l'impression de parvenir
) à réaliser une sorte de fusion entre la réalité (qui correspond à mes contraintes) et l'imaginaire (que j'essaie de laisser aussi libre que possible). Certains auteurs diront que c'est ce que nous faisons tous, ils auront raison; mais pour chacun, nous n'accordons pas la même part à la réalité ou à l'imaginaire... Un exemple : dans
Hérophile, roman historique, j'ai tenté d'accorder une large part à la réalité en reconstituant le plus fidèlement possible (sur la base de documents scientifiques) les lieux et les objets utilisés à l'époque alexandrine du IVe siècle avant J.-C.; cependant, à un moment, l'un des personnages qui subit le travail du médecin anatomiste, préfère se suicider plutôt que de souffrir; il se jette dans une citerne (des fouilles archéologiques en ont révélé un grand nombre reliées entre elles sous la ville), son sang se répand dans l'eau et souille toutes les fontaines de la cité... J'aime beaucoup cette scène impossible
(le corps humain ne contient en général que 5 litres de sang), elle illustre ma volonté de m'appuyer sur le réel pour donner libre cours à mon imagination et ainsi affirmer un propos : la scène replacée dans son contexte est hautement symbolique ; par l'action d'un seul homme, c'est toute la ville qui est impliquée et qui se retrouve avec du sang sur les mains du fait de sa passivité. Ainsi, il y a plusieurs niveaux de lecture...
On est dans du roman historique, mais cet épisode évidemment appartient davantage au genre fantastique. Je reconnais que ça puisse être déroutant pour le lecteur qui ne sait peut-être plus s'il a fait le bon choix de livre (puisqu'il désirait lire un roman historique), mais ça me plaît.
Dans la conception du roman, j'aime beaucoup le moment où les personnages semblent prendre vie, pour un peu, ils pourraient m'échapper et devenir autonomes. D'ailleurs, c'est ce qui arrive à certains... Pour d'autres, il faut les tenir et leur rappeler qu'ils ont un rôle précis à jouer, et que sinon, tout risque de s'écrouler!
Bon, désolé, mon agent m'appelle,
mais je crois avoir dit l'essentiel...