Poursuivant mes "randonnées livresques" sur les grands alpinistes français disparus, il m'était difficile de passer sous silence le "frère jumeau" de Patrick Edlinger, L' autre Patrick, le taiseux du duo, même si tout est relatif, Edlinger n'étant pas non plus un grand communiquant. Patrick Berhault, c'est le contemplatif. Celui qui parle peu et selon les dires de Asselin, le plus en adéquation avec l'alpinisme d'avant, celui des Gervasutti et autre Bonatti. Alors que pour beaucoup, il est le meilleur, Berhault fera des choix à l'encontre de ce que les médias attendront de sa part. Ici pas de conquête des 8000, comme pour Lafaille ou Escoffier, juste le plaisir de l'alpinisme. Contrairement à Edlinger, Berhault dépassera le cadre de l'escalade en falaise pour reinventer une sorte d'alpinisme à l'ancienne. Sa traversée de l'arc alpin sera un hommage rendu à un obscur alpiniste Léon Zwingelstein qui l'aura accompli en 1932. Quant à accomplir l'exploit d'enchaîner les 82 sommets de 4000 mètres des Alpes, si elle apparaît moins clinquante que de gravir les quatorze 8000, elle n'était pourtant pas à prendre à la légère, Berhault chutant mortellement au 65eme, lui qui avait survécu à la chute la plus impressionnante de tous les temps au Pelvoux: 814 mètres !!! Ce livre de Asselin n'est pas une biographie, pour cela il faudra se tourner vers l'ouvrage de Bricola et Pottard. Ici l'auteur raconte SON Berhault, l'ami de toujours et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il nous aurait sacrément donné envie de le rencontrer ! Ce mec était un homme simple et discret, minimisant sans cesse ses exploits, comme la fois où il mène le train à un sherpa cherchant le record de montée à l'Everest. Asselin le retrouvera au camp de base à son retour, même pas fatigué ayant certes utilisé de l'oxygène, mais au minimum, Berhault étant l'inverse d'un casse-cou...