Pour moi, Lovecraft est d’abord le créateur d’un mythe. Ce mythe exprime tout l’effroi de l’homme face à un univers hostile et un espace inconnu et sans fin.
Il y a quelque chose de Pascal chez Lovecraft lorsque Pascal parle de l’homme, chose infime dans un univers infini et que tout peut écraser d’un instant à l’autre.
Lovecraft a-t-il lu Pascal ?
Il y a aussi de la prescience chez Lovecraft qui a anticipé la preuve de l’existence de ces énormes étendues d’espace et de temps puisque l’on sait maintenant que l’univers est infini dans l’espace et non pas fini et courbe comme le pensait Einstein.
Emprisonné chez lui par la maladie et la pauvreté, voire une certaine hostilité des éléments contre lui ( !), Lovecraft avait choisit de voyager en imagination. Pourquoi l’a-t-il fait dans la terreur cosmique ?
Lovecraft était un personnage hors du commun. Il avait absorbé une partie du savoir de l’humanité de sa maison du 10 Barnes Street de Providence (Rhode Island) et appris un nombre incalculable de langues étrangères qu’ils n’avaient d’ailleurs pas l’occasion de mettre en pratique. Il parlait ainsi des langues africaines comme le Damora, le Swahili, le Zani et … le Chulu ! Il connaissait l’histoire des civilisations, était un mathématicien hors pair, maîtrisait la chimie organique ou aromatique …
C’était une éponge qui absorbait tout. Ainsi, Jacques Bergier lui écrit un jour pour le féliciter d’avoir décrit avec précision un quartier peu connu de Paris dans un de ses nouvelles (la musique d’Erich Zann). Et Lovecraft répond à Bergier qui lui demande s’il a déjà eu l’occasion de visiter Paris et à quelle occasion : « With Poe, in a dream » !!
Il compensait ses non-voyages par une activité onirique extraordinaire. Celle-ci est pleinement rendue dans « Démons et merveilles » ou Randolph Carter et Lovecraft ne semblent faire qu’un. D’abord évasion, le rêve devint vite pour Lovecraft l’essentiel de son existence d’où le caractère onirique de ses histoires. Oniriques mais d’une architecture redoutable car le mathématicien qu’est Lovecraft veille et rarement on a vu récit aussi bien structuré.
Ne manque que les détails … Pauvre mais bourré de talents, Lovecraft était employé à remettre en bon anglais les livres et nouvelles des autres. A chaque fois qu’il envoyait un manuscrit à un éditeur, celui-ci le lui retournait, étonné que maniant une langue aussi pure, cet auteur sembla ignorer tout de ce qu’était la vie : les relations hommes et femmes, la situation professionnelle, la position sociale … Et Lovecraft répondait en s’excusant : « La pauvreté, le chagrin et l’exil m’ont fait sortit tout cela de la tête » !
En fait, la seule forme de vie sur terre qu’il appréciait et partageait une grande complicité était le chat. On ne s’étonnera donc pas que, lors du voyage de Randolph Carter dans « Démons et merveilles », les chats protègent celui-ci.
Maintenant, entrez dans le monde de Lovecraft, seul face à l’immensité de l’univers et des forces qui la peuplent, et découvrez les créatures mythiques qui ont forgé le Mythe du Cthulhu. Rappelez-vous que la vie existait sur terre, il y a des milliards d’années et que ces êtres ont pu atteindre des pouvoirs que vous n’imaginez pas depuis l’époque « où la Vie et la Mort, l’Espace et le Temps contractaient des alliances sinistres et impies ". Ils sont de retour …
Ils sont de retour !
_________________ Nul n'y parvient qui n'a combattu dans les règles
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