LA SELECTION EUROPENNE :
Jonathan Trigell
Jeux d'enfants
Argument
Qui est Jack ? Qui est ce jeune de 24 ans, accompagné d’un tuteur qui l’assiste alors qu’il vient de s’installer à Manchester ? Qui est cet adolescent mal dégrossi qui se comporte comme un gamin ? Que cherche-t-il à cacher ? Pourquoi est-il si conscient de lui-même ? Progressivement le lecteur, à travers des scènes de flash-back, découvre que Jack est un enfant meurtrier. Des années plus tôt, âgé de 10 ans et accompagné d’un ami, il a tué une gamine de sa classe à la sortie de l’école. Jack est le tueur d’enfant que toute l’Angleterre craint et montre du doigt. Certes, depuis sa sortie de prison, Jack vit sous une nouvelle identité mais comment se cacher devant ses collègues, ses amis, sa petite copine ? Comment vivre avec cette épée de Damoclès en permanence au-dessus de la tête ? D’autant que les tabloïds anglais sont sur ses traces, bien décidés à dévoiler la nouvelle identité de celui qu’ils surnomment « le monstre »…
Jeux d’enfants est un roman étonnant et original qui traite d’un sujet d’actualité. L’auteur a pris comme point de départ un des faits-divers les plus tragiques que l’Angleterre ait connu ces dernières années (le meurtre d’un petit enfant par deux gosses de huit ans à la sortie d’un supermarché) pour s’interroger sur la notion de culpabilité et de pardon. Comment se pardonner son crime ? Comment se faire pardonner par la société lorsqu’on a commis un acte que tout le monde qualifie d’inhumain et de diabolique ? Comment se reconstruire une identité quand tout le monde vous a traité de bourreau et continue de vous regarder comme une bête immonde ?
Par-delà l’actualité de son sujet, la force du livre réside également dans son écriture blanche. L’auteur ne joue pas sur la dimension pathétique de la situation qu’il nous décrit. Pas de place ici pour le sensationnalisme ou la violence gratuite. Tout se joue au niveau du ressenti et de la psychologie de Jack. Le livre pose intelligemment la question du poids des médias trash anglais dans la conscience collective du pays. Il montre du doigt ces journalistes toujours prêts à crier au loup et raviver les douleurs du passé. Une société moderne et humaniste ne serait-elle pas avant tout une société apaisée, prête à pardonner ? Le portrait que trace Trigell de l’Angleterre est bien éloigné de cet idéal. Jeux d’enfants est un premier roman d’une étonnante maturité.
Biographie
Jonathan Trigell est né en 1974 en Angleterre. Il vit à Chamonix, où il s’occupe d’éditer un quotidien en langue anglaise et signe, en qualité de journaliste free-lance, des articles consacrés au ski. Jeux d’enfants est son premier roman à paraître dans la Série Noire.
Bibliographie sommaire
Extraits de presse
« Il y a quelques années, deux mômes – « garçon A » et « garçon B » - font une énorme connerie, du genre irréparable. Ils assassinent sauvagement une gamine. Leur procès est largement médiatisé, leur peine sans appel : la perpétuité. Petit arrangement romanesque avec la justice, Trigell imagine que « garçon A » sort à 24 piges, dont quinze ans passés au trou. Il a le monde entier sur le dos, notamment les chasseurs de scoops, et un seul homme pour l’en préserver. Un certain Terry, à la fois tuteur, oncle, grand frère, professeur et conscience, qui va tenter de lui réapprendre à vivre. Mais comment sortir libre d’une prison alors que la vocation de « monstre » est de mourir enfermé ? Et comment grandir sans la mort alors qu’on a commencé sa vie par la donner ? » (Didier Hassoux, Le Canard enchaîné, mercredi 6 décembre 2006).
« La Série Noire reprend des couleurs ! Le jeu de mot est facile, mais traduit une réalité qui réjouit. Sous la houlette d’Aurélien Masson, la véritable collection retrouve une véritable ligne éditoriale, alternant polars de qualité et romans noirs de grande tenue littéraire.
Jeux d’enfants, premier opus d’un jeune Anglais installé à Chamonix, est une réussite. On se souvient de cet atroce fait divers survenu en Grande-Bretagne, il y a une quinzaine d’années : deux garçonnets de huit ou neuf ans avaient, dans un moment d’aberration, assassiné une petite fille et, à l’issue d’un procès largement médiatisé, lors duquel ils avaient été jugés comme des adultes, ils avaient été condamnés à la réclusion perpétuelle. La cruauté du verdict, l’image de ces deux gamins dont les pieds, quand ils étaient assis au milieu de leurs juges, ne touchaient pas le sol, faisaient aussi froid dans le dos que le crime en lui-même, et traduisaient la barbarie d’un système judiciaire particulièrement monstrueux.
Trigell imagine que l’un de ces coupables, quinze ans après son crime, est mis en liberté conditionnelle. Il a vécu en prison de neuf à vingt-quatre ans et ne connaît que les murs d’une cellule, et les tabassages de ses compagnons de captivité. Les tabloïds, lorsqu’ils apprennent qu’il va être libéré, jouent à fond leur numéro de démagogie sécuritaire et lancent de véritables appels au meurtre. C’est pourquoi celui qui était autrefois « le garçon A », (par opposition à son complice, « le garçon B ») devra, pour des raisons de sécurité, prendre un nouveau nom et endosser un passé imaginaire qu’a inventé pour lui Terry, un assistant social des prisons, qui, au fil des ans, l’a pris en amitié et qui est devenu pour lui une sorte de père adoptif.
Jack, dans la petite ville où Terry lui a trouvé un appartement et un travail de livreur-magasinier, va réapprendre à vivre dans un monde où tout lui est étranger. Mais peut-on fonder sa vie, ses amours, ses amités, sur un mensonge ?
[…] Jeux d’enfants est un roman palpitant et grave. Construit sous forme de puzzle (vingt-six chapitres, comme autant de lettres de l’alphabet, faisant alterner le présent de Jack et des flash-back qui éclairent son enfance ou son existence en prison), il ménage un véritable suspens, tout en posant des questions essentielles sur la culpabilité et le rachat. Le romancier, avant de nous dévoiler le crime que le « garçon A » a commis enfant, sait nous rendre Jack sympathique et souvent touchant dans sa maladresse et sa blessure. Jusqu’au bout, on espère qu’enfin, un jour, il connaîtra la paix. » (Christophe Mercier, Le Figaro Littéraire, jeudi 2 novembre 2006
Gianni Biondillo
Pourquoi tuons-nous ?
Argument
« Tout avait commencé avec ce chien égorgé. »
Un été torride marque le début d’une année ponctuée d’homicides pour la police de Quarto Oggiaro, banlieue-symbole de la périphérie milanaise. Protagoniste des enquêtes, l’inspecteur Ferraro est un homme sans qualités particulières, si ce n’est peut-être un humour inoffensif qui le sauve d’une existence quelque peu déprimante. Car sa vie personnelle n’est pas vraiment un succès : divorcé, il vit seul dans un appartement chaotique et se nourrit de surgelés. Sans parler de son désordre affectif... Autour de lui, comme dans un chœur tragi-comique, c’est un tournoiement ininterrompu ; policiers surréalistes, entrepreneurs arrivistes, dealers, contrebandiers, snobs capricieux, domestiques imperturbables, carabiniers-gentilhommes, marchands des quatre-saisons, philosophes, informateurs, retraités, cogneurs, banlieusards, ménagères, manifestants : le peuple de Milan.
Au gré des enquêtes de l’inspecteur Ferraro, Pourquoi tuons-nous? raconte cette humanité diverse et contrastée, sonde le ventre mou de Milan, véritable protagoniste du livre, devenant ainsi le roman âpre et ironique d’une ville. Suivre les enquêtes de Ferraro, c’est explorer la diversité du tissu urbain, depuis les tours babyloniennes des banlieues jusqu’aux demeures bourgeoises du centre historique. Une Milan trop souvent haïe, à laquelle Gianni Biondillo offre, avec ce roman, un témoignage d’amour, pénétré d’amertume et d’affliction.
Biographie
Gianni Biondillo est architecte ; il a écrit pour la télévision et le cinéma. Pourquoi tuons-nous ? est son premier roman. Il a paru en Italie en 2004 et a connu un véritable succès, de même que le suivant, La mort dans l’âme (titre provisoire) qui sera publié par les éditions Losfeld en 2008.
Bibliographie sommaire
Extraits de presse
« Pour répondre à la question que pose Gianni Biondillo dans son premier roman, Pourquoi tuons-nous ?, il faudrait d’autres qualités que celles dont dispose l’inspecteur Ferraro, flic désabusé, entré malgré lui dans la police et partisan de méthodes peu orthodoxes. Entre un vol de pommes à l’étalage, la contrebande de cigarettes, les malversations en tout genre liées à la spéculation immobilière, les réseaux pédophiles, l’éventail est large. Le seul moyen de trouver un lien entre toutes ces affaires, c’est peut-être d’avoir grandi comme Ferraro dans les barres d’HLM de Quarto Oggiaro, dans la banlieue nord de Milan, d’avoir vu la ville changer, se contenter progressivement « d’une gloire qu’elle ne mérite plus et d’une nostalgie absolument déprimante du rôle de capitale morale. »
Gianni Biondillo est architecte, ce qui explique peut-être l’attention scrupuleuse qu’il porte aux évolutions du tissu urbain, et les innombrables et savoureuses digressions de son roman sont aussi instructives sur ce point que les rebondissements d’une action débridée. Ainsi l’usage du vélo dans les rues de Milan par « une riche bourgeoise milanaise qui baguenaude dans le centre (et) utilise la ville comme si c’était la cour de sa propre maison » et par « une fille qui vient à bicyclette de son trou de banlieue pour faire ses courses via della Spiga ». Il n’est même pas nécessaire de bien connaître Milan pour que la différence saute aux yeux. » (Gérard Meudal, Le Monde des livres, vendredi 13 octobre 2006).
« Bien sûr, il y a l’histoire policière avec des meurtres en séries, des dealers, des bourgeois, des prêtres et aussi des concierges. Evidemment, il y a un flic, l’inspecteur Ferraro ; un solitaire déprimé qui se nourrit de surgelés dans son appartement pourri. Surtout, il y a la ville, avec sa foule colorée, ses rues saturées et ses bâtiments qui cachent des trésors. Gianni Biondillo est architecte et son premier polar est une déclaration d’amour à Milan, son héroïne, qui palpite à chaque saison, des quartiers riches aux banlieues enchevêtrées. Ajoutez l’humour italien et le dépassement est garanti, tout comme le plaisir de lecture. » (Epok, vendredi 10 novembre 2006).
Gilda Piersanti
Bleu catacombes
Argument
Eté 2003, en pleine canicule, les catacombes romaines battent tous les records de fréquentation… jusqu’à ce qu’un groupe de visiteurs réfugié dans ces chambres froides d’un genre nouveau tombe nez à nez avec une tête coupée.
L’inspecteur principal Mariella De Luca se voit pratiquement contrainte d’interrompre son idylle amoureuse en bord de mer. D’autant que les catacombes ne sont pas les seules à faire perdre la tête aux Romains… L’enquête vient à peine de débuter que déjà les décapitations se multiplient.
Mais quel rapport peut-il exister entre une star internationale du monde de l’art et une paisible directrice d’orphelinat ?
Et quel sens faut-il donner à cette référence macabre au mythe de Judith, héroïne biblique qui, de son bras armé, tranche la tête du général de l’armée ennemie ?
Récit passionnant d’amour trahi, Bleu catacombes nous conduit de main de maître jusqu’aux sources de la tragédie.
Biographie
Née en Italie, Gilda Piersanti habite à Paris depuis vingt-sept ans. Après une thèse de philosophie et un parcours de critique littéraire, de traductrice d’ouvrages de littérature française et de commissaire d’expositions, elle se consacre exclusivement à l’écriture depuis 1995.
Après la publication en 2003 de Rouge Abattoir et de L’Inconnu du Paris-Rome (éditions Le Passage), elle publie en 2005 Vert Palatino (éditions Le Passage) deuxième ouvrage de la série Les Quatre saisons meurtrières dont Rouge Abattoir est le premier volume.
Bibliographie sommaire
Médées, Le Passage, 2006.
Vert Palatino, Le Passage, 2005.
Rouge abattoir, Le Passage, 2003.
L’Inconnu du Paris-Rome, Le Passage, 2003.
Extraits de presse
« Des fenêtres de son appartement sur les hauteurs de Belleville, un 6e sans ascenseur, Gilda Piersanti a une vue imprenable sur… Rome. Sa ville, elle l’a quittée il y a vingt ans, pour venir en France écrire sa thèse et surtout suivre son mari, chercheur au CNRS. Elle continue pourtant d’y vagabonder par la pensée et par l’écriture, au travers d’une saga policière. Trois volets sont déjà parus : après l’hivernal Rouge Abattoir, où un tueur en série frappe pendant les fêtes, et le printanier Vert Palatino, en plein derby de foot Roma-Lazio, l’estival Bleu catacombes s’emplit de vibrations de chaleur, d’envies d’évasions vers les plages d’Ostie, tandis que les romains pensent et vivent au ralenti. « Quand je l’ai quitté, explique-t-elle, j’ai découvert que je connaissais Rome de manière inconsciente, au travers de sensations et que je l’avais traversée sans vraiment regarder. Avec la distance finalement, on voit mieux » En mettant des mots sur ses souvenirs, Gilda Piersanti a donc fait le tri. […] De cette langue subtilement relevée, Gilda Piersanti fouille la personnalité de Mariella De Luca, une jeune inspectrice un peu compliquée, à la fois forte et sensuelle, et qui voit le bonheur comme un péché. Pourquoi le polar plutôt qu’un autre genre littéraire ? « Je suis passionnée de faits divers, répond la romancière. Je cherche à comprendre, sans les excuser, ces gens normaux qui, un jour, se mettent à tuer. Personne n’est à l’abri du mal. Et le roman policier permet de s’interroger sur ces questions métaphysiques sans trop d’emphase ni de pompe. » (Philippe Lemaire, Le Parisien, décembre 2006).
« De mémoire de Romain, en ce début de week-end du 15 août 2003, la ville n’avait jamais connu une telle canicule. A la recherche d’un peu de fraîcheur, les touristes affluent pour visiter les catacombes ; et c’est au cours d’une de ces visites qu’un groupe de touristes, sous la conduite de la guide Pamela Casadeï, découvre, au fond d’une galerie, une tête d’homme coupée… La douceur et le repos, c’est au bord de la mer, à Ostie, que l’inspecteur Mariella De Luca et son amant Paolo Ronca sont allés les chercher. Mais c’était sans compter sur la découverte d’une tête de femme, dans un panier, à l’intérieur d’une cabine de plage…
Pour l’inspecteur De Luca, les vacances sont bel et bien terminées. Pas la moindre chance qu’il s’agisse en effet d’un simple hasard : ces deux têtes coupées portent la même signature… Ce jour de Ferragosto marque le début d’une difficile et surprenante enquête durant laquelle l’inspecteur et son adjoint Di Santo devront découvrir quels mystérieux liens peuvent bien lier un célèbre artiste de soixante ans et son épouse, la directrice d’un orphelinat, un enseignant en arts plastiques et une ancienne comédienne qui n’a jamais joué que de petits rôles dans des pièces sans importance.
Dans ce Bleu catacombes, Gilda Piersanti nous entraîne dans une histoire sombre, palpitante, où l’art moderne, la violence et la vengeance se côtoient au service d’une intrigue particulièrement bien ficelée. Après Rouge Abattoir et Vert Palatino, c’est avec énormément de plaisir que l’on retrouve au cœur de la ville éternelle le commissaire D’Innocenzo, l’inspecteur principal Di Santo et tous les autres personnages si attachants créés par Gilda Piersanti ? Ce troisième volet ne manquera pas de vous séduire. » (Rémy Ehlinger pour la Librairie Internationale Kléber de Strasbourg, La Page des libraires, janvier / février 2007).
Christian V. Ditfurth
Un homme irréprochable
Argument
Une fillette de 5 ans, Valentina Holler est foudroyée pour avoir mangé un bonbon au cyanure déposé volontairement dans son jardin. Vengeance ? Rivalité ? Il faut dire que sa mère et son grand frère ont déjà subi le même sort quelques mois plus tôt. Et ces meurtres sont inexplicables : homme d’affaire riche et respecté de Hambourg, Maximilian Holler est un homme irréprochable qui mène une vie transparente et est connu pour ses dons généreux aux œuvres caritatives. Mais ce nom de Holler sonne différemment aux oreilles de Stachelmann, historien de l’époque nazie, lorsque son ami le commissaire Ossi, en charge de l’enquête, lui en parle. Lorsqu’il part à Berlin pour consulter les archives de l’époque nazie récemment ouvertes il se retrouve poursuivi par quelqu’un qui tente de le tuer. Il comprend vite pourquoi car ce qu’il découvre est stupéfiant.
L’intrigue est ici menée de mains de maître et le personnage de Stachelmann est assez complexe pour être attachant. Malade, il souffre du timus, une très grave maladie des articulations. Scrupuleux, il n’arrive pas à finir sa thèse sur les camps d’extermination nazis parce qu’il répugne à l’idée de faire carrière sur ce qui fut l’horreur absolue. Amoureux, d’une femme qui lui fait des avances, il recule, parce qu’il se juge indigne d’elle et n’arrive pas à croire à sa sincérité.
Nous découvrons aussi à travers ce polar cette époque obscure de l’histoire allemande qu’on a appelée le miracle économique allemand. Comment une société se relève de ses ruines, comment on tente de rompre avec un passé déshonorant tout en côtoyant toujours ceux qui en furent les acteurs, comment une ville peut se reconstruire en annexant des biens juifs spoliés, sans état d’âme excessif.
Biographie
Né en 1953, Christian V. Ditfurth est historien et vit comme écrivain et directeur de collection à Lübeck. Il a publié deux romans avant d’inventer le personnage de Stachelmann, un historien comme lui qui vit aussi à Lübeck. Des crimes actuels inexpliqués vont devenir pour ce chercheur passionné de véritables sujets de recherche, car la résolution de crimes inexpliqués est enfouie dans le passé allemand. Hambourg, le port hanséatique rasé par la guerre, sert de toile de fond. Une toile de fond qu’il vaut mieux ne pas trop soulever.
Bibliographie sommaire
Extraits de presse
« C’est un modèle de réussite sociale, un homme admirable, généreux, presque un saint, ce Holler, le plus grand agent immobilier d’Allemagne du Nord. Hélas le sort s’acharne contre lui. Sa femme puis son fils ont été assassinés et voilà que sa fille est empoisonnée. L’affaire préoccupe le commissaire Winter de Hambourg qui fort heureusement va bénéficier de l’aide de son vieil ami Stachelmann, historien rompu aux recherches dans les archives. Justement c’est l’époque où celles de Berlin-Est viennent d’être ouvertes aux historiens après la réunification de l’Allemagne. Des personnages très réussis et le portrait fidèle d’une Allemagne toujours en proie aux démons du passé. » (Gérard Meudal, Le Monde, vendredi 15 septembre 2006).
« Un Homme irréprochable est un roman policier. Indéniablement. Une série de meurtres d’enfants visant le très en vue monsieur Holler terrorise la bonne ville de Hambourg. L’intrigue prend d’abord des airs tranquilles : les policiers n’ont de toute façon pas l’ombre d’une piste. Puis d’autres cadavres relancent l’enquête, menée désormais par un personnage atypique : un historien souffrant d’arthrite spécialiste de la période nazie. Le roman prend alors toute son épaisseur, en devenant, contrairement à beaucoup de romans policiers qui se cantonnent à poursuivre le méchant, une réflexion très bien menée sur les trop célèbres errements du passé allemand. Derrière les apparences, derrière les Hommes irréprochables, se profile l’ombre nauséabonde du nazisme, de la spoliation des juifs, de l’enrichissement des SS sur le dos de leurs victimes massacrées. Ce n’est pas pour rien que l’auteur est historien : la plongée dans cette mémoire dont on aimerait ne plus se souvenir pose les bonnes questions, sur la culpabilité, l’engagement, la limite du bien et du mal. Et si mon père m’apprenait qu’il était nazi ? Sans porter de jugement tranché, Christian Ditfurth, propose une réflexion d’une grande intelligence sur un passé qui semble, malgré la volontaire amnésie des hommes sur certains sujets, toujours tenir bon nombre d’Allemands sous la menace d’une épée de Damoclès. Un roman policier non seulement réussi, mais qui traite en outre d’un sujet difficile avec brio, laissant au lecteur le soin de mener sa propre réflexion. A lire avant de jeter la pierre aux Allemands ou, au contraire, d’absoudre un peuple qui refuse de se voir associé à ce pan de son histoire. » (Mikaël Demets, Evene.fr, septembre 2006).
« La première enquête de Stachelmann, alias Jossi pour ses amis, paraît en France quatre ans après publication en Allemagne. Avec une jolie écriture qui redonne goût au roman policier plutôt reconnu pour son suspense que sa qualité narrative, Christian V. Ditfurth raconte les aventures d’un drôle de bonhomme qui semble bien être un peu son clone. Historien comme lui, Stachelmann vit, lui aussi, à Lübeck et se passionne pour les enquêtes criminelles, surtout quand son ami d’enfance, Oscar Winter, Ossi pour ses amis, lui demande implicitement un coup de main dans l’affaire qui secoue la région. Plus enclin à suivre les beaux yeux d’Anne, sa consoeur qui vit à Hambourg, à une heure de train, Stachelmann ira jusqu’à accepter de l’aider à boucler son mémoire – alors que le sien, La Colline de la honte, est bloqué depuis des années et que les dossiers s’empilent dans une masse informe – au risque de se voir mis à la porte ; et au détour de dossiers désormais libérés du secret défense, il ira de surprises en surprises.
Tout est parti du décès d’une fillette de 5 ans, foudroyée dans son jardin alors qu’elle se promenait avec sa poussette, pour avoir mangé un bonbon au cyanure, petit piège mortel dans un papier bleu déposé sur la pelouse par un vieil homme en mal de reconnaissance. Vengeance ? Rivalité ? Il faut dire que sa mère et son grand frère avaient subi le même sort quelques mois plus tôt. L’affaire Holler tient en haleine les policiers et le monde politique qui garde un œil sur ce fait divers qui pourrait cacher autre chose.
Spécialiste de l’histoire nazie, Stachelmann poursuivra ses investigations et l’Histoire rejoindra la petite histoire d’un homme qui ne voulait pas admettre l’impossible.
Cette plongée dans la société allemande est un voyage particulièrement intéressant qui tient éveillée l’attention du lecteur tout en se jouant des indices et des conventions – en nous rappelant, aussi, que les faits ne sont pas toujours aussi parlants qu’ils en ont l’air. » (Nicole Raffin, Le Littéraire.com, 28 septembre 2006).