Hot Springs, haut lieu de débauche, ville gangrenée par le jeu, l'alcool et le stupre, menée de main de maître par Owney Maddox, va bientôt tomber. C'est ainsi qu'en a décidé Fred C Baker, un procureur carriériste. Il va pour cela faire appel à D.A Parker qui est chargé de trouver celui qui formera le futur bataillon d'élite: ce sera Earl Swagger, tireur d'élite et ancien marine de guerre...
Stephen Hunter est un écrivain à part. Il sait raconter une histoire, pas de doute là dessus, mais pas que. Il se dégage de ses écrits outre une puissance narrative unique, une "characterisation" de ses personnages telle, qu'ils sont automatiquement associés dans nos têtes à des personnages de cinéma, Earl Swagger en premier, très Eastwoodien. Héros à la fois invincible, comme pouvait l'être le personnage fantôme de Pale Rider, mais également torturé à la façon du héros protéiforme de Gran Torino, Hunter a créé le personnage parfait, car on rêve d'être ce redresseur de tort dont la peur a quitté l'enveloppe charnel à jamais, pour en faire un justicier implacable. Mais on oublie pas pour autant toute la galerie de personnages gravitant en électron plus ou moins libre autour de lui, que ce soit les figures inventées comme Frenchy, Carlo, les Grumley, ou les "véridiques" tels Bugsy Siegel, Virginia Hill ou Errol Flynn, tous vivent (ou revivent) devant nous, plus vrais que nature. Et que dire de la façon très paternaliste dont Swagger mène ses troupes: là aussi on retrouve du Eastwood made in Le maitre de guerre, où pour coller à la réalité de l'époque, du John Ford dirigeant John Wayne. On retrouve toutes ses inspirations chez Hunter, mais avec une cruauté qui fait paraître le roman bien actuel. Et que dire des échanges verbaux entre Swagger et Parker, si paternalistes:tout sonne juste, pas une fausse note ! Même lorsque sont abordés les attaques contre les casinos, le jeu du chat et de la souris entre les apprentis "Eliott Ness" (tiens, une autre référence) et les voyous: ce n'est jamais ennuyeux ni manichéens. On tremble pour eux, sachant qu'il y aura forcément traîtrise à un moment ou un autre... suivi de l'inévitable vengeance, là aussi très cinématographique. Et alors que l'on pense que tout est fini, arrivé la scène de l'hôpital... préfigurant ce que sera le theme du roman suivant, Sept contre Thebes. Ne vous y trompez pas: Stephen Hunter n'est pas qu'un banal écrivain de romans d'action, il est bien plus que cela et à la façon dont il mène ses dialogues, vous en serez convaincus dès les premières pages !
Tout cela est magistral, même si Hot Springs est un chouia en dessous de sa suite...
5.5/5